DE SERRI III. [l587]                           3-*9
lets, chargez chacun de deux baies; et y étoit un res­sort accommodé de façon qu'ouvrant la boette, ce res­sort [se laschant faisoit feu : lequel prenant à l'amorce de ce préparé, ] faisoit jouer à l'instant les trente-six canons, dont se pouvoient à peine sauver ceux qui se trouvoient à l'environ. Cette boette fut envoyée par un laquais sous le nom de la demoiselle de Coupi­gny (0, ur dudit Millaud, avec une missive par la­quelle elle lui mandoit qu'elle lui envoyoit une boette de rare artifice. Or avoit Chantepie montré au laquais comment il falloit ouvrir la boette, lequel de fait l'ou­vrit en présence dudit Millaud, et soudain se lasche-rent tous les canons : dont Millaud ne fut que peu ou point offensé. Le laquais fut fort blessé, et toutesfois n'en mourut pas. [Chantepie fut appréhendé, con­fessa avoir fait l'instrument, et fut exécuté.]
Au commencement d'octobre, le duc d'Espernon, en la présence du Roy, fit un rude afïront à M. de Vil­leroy, secrétaire d'Etat, l'appelant petit coquin, et le menaça de lui donner cent coups d'éperons, comme à un cheval rétif; lui reprocha même quelque intelli­gence avec la Ligue et le roy d'Espagne, auquel il ré-véloit les secrets du Roy, sous ombre d'une pension de doubles pistoles qu'il en tiroit. On eut opinion, et non sans cause, que le duc lui avoit fait cet affront par l'ordre du Roy (a).
Le vendredy 3 de ce mois, Maillard, maître des re­questes, fut condamné par contumace à avoir la teste trenchée.
(0 La demoiselle de Coupigny: Isabelle d'Alègre , épouse de Gabriel Du Quesnel, seigneur de Coupigny, sœur d'Yves, baron de Millau.
__(a) Par l'ordre du Roy : Voyez les Mémoires de Villeroy.
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